2ème interview dans la série des start-up normandes, consacrée à We-arts.com, et ses 2 fondateurs. Une rencontre très instructive car leur retour d'expérience pour préparer et créer leur site Internet est très révélateur des embûches que peuvent rencontrer les entreprises qui se lancent dans l'aventure Internet, et de la méthodologie à adopter.
Qui êtes vous, et quel est votre rôle dans l'entreprise ?
Je m'appelle Jérémie Labonne, j'ai 31 ans, et j'ai un parcours orienté marketing /commercial. Mes 2 dernières expériences en date, sont chez Web et Solutions, une agence web rouennaise, et Motor Presse, éditeur de presse spécialisée.
Florian Mocellin, 32 ans. J'ai un parcours dans la vente d'espace publicitaire online commencé dans le Groupe Motor Presse sur l'Automobile Mag où j'ai retrouvé Jérémie, un ami d'études. Puis j'ai été Directeur de Clientèle chez France TV au sein du pôle Medias interactifs. Ca fait 5 ans que je suis dans ce domaine.
Nous sommes co-fondateurs de We-arts.com. On a tout fait ensemble au début, puis nous nous sommes réparti naturellement les rôles au fur et à mesure que le projet se concrétisait. Aujourd'hui, j'assure le suivi des clients, le recrutement et le suivi des artistes qui figurent sur We-arts, les relations partenaires, tandis que Jérémie gère le site et s'occupe du webmarketing.
Que propose votre site Internet ?
We-arts.com est un site de promotion et de vente d'œuvres contemporaines et d'objets de créateurs. Nous avons un rôle de galerie d'art contemporaine pluridisciplinaire, sur Internet. Notre objectif est de faire découvrir des créations uniques ou des éditions limitées. Le site est en ligne depuis 4 mois et demi.
Nous faisons une sélection rigoureuse des artistes que nous proposons, ce n'est pas ouvert à tous, même si nous étudions toutes les candidatures. Nous demandons un minimum de 6 œuvres par artiste pour permettre aux clients potentiels de bien appréhender leur univers et leur démarche artistique. Pour autant, nous ne sommes pas un annuaire marchand d'artistes ou d'œuvres contemporaines, nous voulons avoir une vraie valeur ajoutée sur le marché dans notre offre.
Nous nous rémunérons uniquement en prenant une commission sur les ventes. Pour l'artiste, s'il ne fait pas de vente, il n'y a aucun frais. Ce modèle économique nous permet d'avoir des artistes intéressants qui marchent déjà bien, car cela ne leur coûte rien.
A qui We-arts.com s'adresse t-il ?
Principalement à des amateurs d'art, ou des férus de décoration qui ont envie d'avoir un intérieur unique, avec des oeuvres qui leur ressemblent.
Comment vous est venu l'idée de faire du e-commerce ?
On se connaît depuis longtemps, et nous avions tous les deux envie de monter notre société, sans pour autant avoir d'idées précises.
Nous faisions souvent le constat en allant chez des amis ou en les recevant, que nous avions toujours un meuble ou un objet de décoration en commun. On a refait le monde un soir, et en 1 heure nous avons posé le concept de base de We-arts.com. On savait qu'on voulait vendre sur internet, car c'est le moyen de communication et de faire du commerce qui nous attirait le plus.
On a fait notre étude de marché, et on a décidé de se lancer très vite.
Qui sont vos concurrents ? Quels sont vos points forts sur ce marché ?
Il y en a beaucoup, et des nouveaux tous les mois. Pour n'en citer que quelques un : Artfloor.com, Skweeb.com, ou Art-generation. Mais aussi les galeries physiques d'art contemporain qui ont un site Internet.
Notre point fort est la pluridispline. Nous ne proposons pas que de la peinture, que de la sculpture, ou que du mobilier comme la plupart de nos concurrents qui se concentrent sur 2, voire 3 familles maximum de type de création. Nous avons tout. We-arts.com propose la peinture, le dessin, la photographie, le mobilier, la sculpture, et l'art digital.
L'autre point fort est notre sélection très rigoureuse des artistes vendus sur We-arts.com :
- l'artiste présente un minimum de 6 creations, afin d'appréhender son travail, sa démarche, son univers,
- les visuels sont en haute définition afin de permètre aux visiteurs de scruter les oeuvres dans le moindre détail
- chaque oeuvre doit être détaillée techniquement (support, technique employée ...), le créateur expose également sa demarche artistique,
- nous nous efforçons de rencontrer tout nos artistes, dans la mesure du possible.
Ce systeme de candidature peut sembler contraignant mais c'est une garantie de sérieux pour l'acheteur et l'assurance pour l'artiste d'exposer dans un environement qualitatif et valorisant. Nous ne sommes pas un simple site de référencement de créateurs comme par exemple Makisart.com qui a un catalogue d'œuvres très important car ouvert à tous, mais dans lequel la qualité des créations est très hétérogène.
Pouvez vous nous donner quelques chiffres sur We-art.com après 4 mois d'existence ?
Nous avons plus de 350 œuvres pour 34 artistes.
Nous avons déjà eu plus 7 000 connexions depuis le lancement, et c'est en constante progression. Les visiteurs viennent de plus de 53 pays : de toute l'Europe, du Moyen-orient, et même d'Afrique. Pourtant le site n'est qu'en français pour l'instant. Les gens restent sur le site plus de 7 minutes en moyenne. Nous interprétons ce bon chiffre comme la preuve qu'ils apprécient de naviguer dans le site, et qu'ils s'intéressent réellement aux artistes et œuvres que nous proposons.
Sur les ventes déjà réalisées, le panier moyen est d'environs 500 euros.
Comment avez-vous travaillé pour créer votre site ? Vous l'avez réalisé en interne ? Vous avez fait appel à un prestataire ? Qui vous a aidé ?
Nous avons eu une longue phase de préparation. Nous avons défini un cahier des charges très précis pour bien cadrer ce que nous voulions. Nous avons défini les objectifs du site sur les aspects fonctionnels, ergonomiques, graphiques, et sur le contenu.
Puis nous avons rencontré des agences normandes et parisiennes car nous n'avons aucune compétence pour produire un site nous même. On a conscience que c'est une expertise pointue, et nous voulions garantir un résultat professionnel, sinon pas la peine de se lancer.
Nous n'avons pas regardé les solutions packagées de boutique en ligne du type Powerboutique ou OS Commerce, car nous avions besoin de trop de développements spécifiques, ce qui ne rendait pas ces offres intéressantes. Et nous ne voulions pas faire l'impasse sur des fonctionnalités importantes.
L'expérience avec les agences a été assez incroyable. Nous avons eu des devis allant de 10 000 euros à 100 000 euros pour un même brief !
Avec les grosses agences, quand on est un petit prospect, on est souvent pris de haut, même avec notre bonne préparation du projet. Le budget ne suivait pas (quand nous avions une réponse), et même si le projet ne les intéressait pas, nous aurions aimé avoir un traitement plus professionnel de la relation commerciale.
Finalement, nous avons choisi le Studio 16mars en Normandie, un binôme de freelances qui se complète et se connaît bien. Par contre, nous avons pris en charge toute la partie « gestion de projet » car nous avions le temps et les compétences pour cela.
La collaboration s'est très bien passée car nous avions bien défini nos objectifs avant. Nous avions une vision précise du résultat voulu. Cela nous a servi de trame et de repère pour bien gérer le projet. Au final, il s'est écoulé 6 mois entre la rédaction de notre cahier des charges et la mise en ligne du site.
Qu'avez-vous mis en place au niveau e-marketing pour faire connaître votre site ? Quels sont les résultats ?
Pour pallier le manque de visibilité en référencement naturel au lancement, nous avons mis en place des campagnes de liens sponsors. Pour l'instant, nous les gérons nous même. On apprend sur le tas et on essuie les plâtres... Nous allons externaliser leur gestion car nous nous rendons compte que cela nécessite un véritable savoir-faire pour obtenir des résultats satisfaisants.
Nous travaillons notre notoriété avec les réseaux sociaux : nous avons crée une page Facebook qui compte déjà plus de 770 fans en 4 mois, et elle nous ramène environ 20% du trafic global. Nous utilisons aussi Viadeo pour trouver des artistes via les hubs. Nous essayons aussi de développer des partenariats, des échanges de liens avec des blogs de notre univers.
Nous avons fait une campagne d'emailing en prospection qui a connu des bons résultats avec plus de 20% de taux d'ouverture. Le pic de trafic sur le site était très net.
Enfin, nous organisons des expositions sur Rouen et Paris, pour présenter nos artistes ailleurs que sur Internet, et faire vivre les oeuvres. D'ailleurs, un communiqué de presse devrait bientôt partir à ce sujet. La première exposition aura lieu à Rouen au Vicomté à partir du 15 septembre.
Quelles difficultés avez-vous rencontré, ou encore aujourd'hui ?
Globalement, tout s'est plutôt bien passé. Au moment ou le site est sorti, nous avons eu du mal à passer a l'étape suivante, une sorte de « baby blues » du web. La production du site est une étape très importante, mais la vraie aventure commence après. Et là encore, il faut savoir où l'on veut aller, avoir des objectifs précis, et une stratégie déjà prête pour remettre la machine en route.
Le plus dur maintenant, c'est de décrocher ! Une boutique sur Internet est ouverte 24h/24, ce n'est pas comme une boutique physique qui ferme à 19h30 et re-ouvre le lendemain à 10h00. Avec les outils mobiles comme l'Iphone, je peux consulter en permanence les statistiques du site, les commandes, et on peux plus décrocher, même en vacances, sans se l'imposer.
Par rapport à votre expérience, quels conseils pourriez-vous donner à ceux qui souhaitent se lancer dans l'e-commerce ou dans un projet Internet ?
La préparation est essentielle. Il faut avoir l'idée la plus précise possible de ce qu'on veut, avant d'aller voir les prestataires pour obtenir des devis.
Le benchmark de la concurrence a été très important dans cette phase car cela nous a permis de voir les bonnes pratiques dans notre domaine d'activité, de pouvoir mettre des images et des mots sur ce qu'on voulait, et surtout sur ce qu'on ne voulait pas !
Le cahier des charges et le benchmark nous ont aussi aidé a été plus crédible dans nos démarches auprès des banques pour emprunter.
Par rapport à la production du site, il faut ne pas attendre que le site soit parfait pour le lancer. Un site évolue en permanence car Internet évolue en permanence, ça fait partie du deal quand on veut faire de l'e-commerce.
Quelles sont les prochaines évolutions prévues pour votre site ?
Notre priorité est la sortie de la version anglophone, qui est prévue pour la fin du mois.
Il y a aussi le chantier de notre visibilité dans les moteurs de recherche. Nous savons que c'est stratégique pour la réussite de notre entreprise.
Comment envisagez-vous l'avenir pour votre activité, l'évolution de votre marché ?
Nous sommes optimistes ! L'évolution du marché des objets de créateurs suit la tendance du marché de la décoration intérieure qui est en plein essor depuis plusieurs années. Il y a aussi le facteur « cocooning » qui se renforce en période de crise car les gens préfèrent investir dans leur habitat, plutôt que de partir en vacances 3 semaines.
Aujourd'hui nous pouvons encore dire qu'il n'y a pas de leader historique sur le marché de la promotion d'artistes en ligne telle que nous le faisons avec We-arts. Il y a donc encore une place à prendre.
Merci Jérémie et Florian !
Allons voir le résultat.
Le graphisme est réussi, volontairement épuré pour faire la part-belle à la mise en valeur des oeuvres, et pour rendre les éléments de navigation bien visibles. Le professionnalisme qui s'en dégage rassure. De ce côté là, c'est réussit.
Le site possède une pré-home page qui a pour but de de plonger le visiteur dans l'univers graphique du site, mais il faudra probablement la supprimer au moment de l'optimisation du site pour le référencement naturel. C'est dommage, mais c'est la loi de Google...
Conclusion
Le plus important dans tout projet, ce n'est pas l'idée, mais la manière de l'exécuter. On ne le repetera jamais assez, la préparation est un élement clé pour bien démarer son projet Internet, et le gérer dans des bonnes conditions. Jéremie et Florian ont parfaitement intégré cela. Dès le début, ils ont menés leur projet de manière très pro, en investissant du temps et de l'argent sur les bons postes : la préparation et la conception de leur site pour garantir un résultat à la hauteur de leurs ambitions et exigences.
A signaler que We-arts.com est ouvert à tout investisseur ou partenaire potentiel. Vous pouver contacter Jérémie Labonne sur son profil Viadeo.